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Très justement associé au genre du caper movie, l’addition d’acteurs -puant à des kilomètres le bitume- tels que Jim Brown, Ernest Borgnine, Warren Oates, Donald Sutherland ou Gene Hackman, avait largement de quoi prétendre affilier tout simplement ce film, réalisé par Gordon Flemyng en 1968, à la catégorie du polar.
D’autant que The Split mettait en scène le personnage principal des romans de Donald E. Westlake (sous le pseudo de Richard Stark) passé à la postérité au cinéma sous la direction de John Boorman dans Point Blank : Parker*.

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De cette histoire de braquage se déroulant lors de la finale du championnat NFL, ressortait que la figure inventée par Donald E. Westlake allait audacieusement, pour le grand écran, prendre les traits de Jim Brown, habitué des seconds rôles musclés (Destination Zebra ; Les Douze Salopards) et avatar black & proud du très lisse Sydney Poitier, jugeant ainsi du caractère pour le moins culotté de l’entreprise initié par les producteurs du film, en cette fin des années 60.
Sur les hauteurs de la ville Los Angeles dans laquelle se déroulait l’action du film, il y’avait donc quelques chose d’étonnamment progressiste à voir déambuler l’imposante carcasse de Jim Brown, dans le rôle titre et dans un film qui n’avait rien d’une blaxploitation (le genre balbutiait à peine ses premières pelloches), à travers les rues d’une ville encore secoué par les événements de Watts (on ne voyait d’ailleurs jamais la partie underground de L.A. dans le film).

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Typique à ces années 60 et de l’économie de moyens recherchée par Hollywood à cette période, cette adaptation du roman de Donald Westlake (« The Seventh ») fut confiée à cette nouvelle génération de réalisateur issus de la télévision dont provenait Gordon Flemyng qui s’illustra notamment sur une série comme Chapeau Melon et… et au cinéma avec … Dr Who Contre Les Daleks.
S’il faudra évidemment regretter qu’on ne colla pas à la tâche un Lumet ou un Frankenheimer, il n’en reste pas moins que Flemyng maîtrisait techniquement son sujet et brossait, parfois avec humour, souvent avec efficacité et concision, les contours psychologiques de ces personnages.
Nous n’étions pas encore dans l’étude de caractère de Quand La Ville Dort de Huston, classique du film de casse mais, du recrutement des hommes par Jim Brown (dont un succulent face à face musclé avec Ernest Borgnine) à l’exécution du coup en passant par sa préparation, tout y était si solidement huilé et rythmé qu’il était difficile de ne pas tomber sous le charme de la méthode Flemyng, accompagné par une merveille de bande-son composée par Quincy Jones.

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A la manière de Le Coup De L’Ecalier (avec cette même punition que pour Quand La Ville Dort, c’est-à-dire sans en atteindre les qualités cinématographiques), le hold-up de The Split offrait un contrepoint idéal à l’évocation du racisme latent chez les personnages du film (il n’y guère que Warren Oates en début de métrage qui affiche clairement ses préjugés racistes) dès lors que le butin avait disparu, faisant basculer les uns dans une crise exutoire (Borgnine – Oates – Klugman – Sutherland) et les autres, ou plutôt l’autre, dans le récit de vengeance (Jim Brown).
On retrouvait d’ailleurs là, la drôle de psychologie du personnage créé par Donald Westlake, seulement motivé par l’idée de récupérer sa part du braquage (alors que lui est offerte la possibilité de partir avec le tout) et de venger la mort de sa petite amie.

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Contenant, comme dans tout bon film de casse, cet attrait pour l’imprévu d’où jaillissait parfois de truculents (le rôle d’arroseur arrosé que se paiera le groupe de braqueurs à l’apparition du personnage de flic interprété par Gene Hackman) ou dramatiques (le meurtre sauvage de la girl friend de Jim Brown) contre-pieds, The Split ne prenait finalement ses distances avec le genre qu’en ne rendant pas plus sympathique ses personnages (même si j’imagine que chacun d’entre vous éprouveront de l’empathie pour Jim Brown, Borgnine ou Sutherland), ou ne rendant pas plus tragique, la sentence prononcé en fin de film, contrebalançant avec le pourtant excellent titre Français : Le Crime, C’est Notre Business.

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* Pour lequel, de Point Blank à Payback en passant par The Split, le nom n’était jamais le même au cinéma