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L’homme d’acier vu par Dennis O’Neil et l’indéboulonnable Curt Swan dans un classic shit des années 70, ça donne Kryptonite Nevermore, ou quand presque 15 ans avant John Byrne et sous la tutelle de Julius Schwartz, les deux hommes narraient les aventures d’un Superman plus vulnérable, éprouvant désormais la peur, le doute et que l’on avait débarrassé de son seul danger mortel : la kryptonite.

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Intouchable jusqu’alors, Julius Schwartz patienta jusqu’au départ en retraite de Mort Wiesinger pour s’attaquer à une refonte en profondeur de la création de Siegel et Shuster. Peut-être parce qu’il le considérait comme sa plus pertinente et avant-gardiste plume, Schwartz requis les services de Dennis O’Neil pour métamorphoser l’homme d’acier. Si de ses origines à son costume en passant par son environnement, Superman ne faisait l’objet d’aucune réécriture, c’est sur ce qui avait inscrit le personnage au rang de mythe indestructible sous la direction de Mort Wiesinger, que Dennis O’Neil allait rebattre les cartes.
Pour cela, il allait imaginer une histoire dans laquelle la kryptonite disparut définitivement de la surface de la terre, à la suite de la réaction en chaine d’une centrale convertissant son énergie en courant électrique (!).
Désormais sans menace pouvant mortellement l’agresser, Superman devenait plus que jamais the man of steel. Mais dans l’esprit de Dennis O’Neil, la disparition de la kryptonite allait servir à d’autres desseins…

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Alors qu’il déjouait les plans d’une bande de malfaiteurs, Superman subissait les premiers effets d’un affaiblissement de sa force, en même temps que les conséquences de l’explosion de la centrale avaient ouvert les portes d’une dimension alternative, engendrant un mystérieux double du héros au costume rouge et bleu. Au travers de son artefact historique, Dennis O’Neil ramenait ainsi Superman à moins d’extravagance quant à ses superpouvoirs, avec pour effet direct que le lecteur frémisse désormais pour un homme d’acier… plus vulnérable.
Aux classiques méchants issus de son univers, O’Neil préférait des dangers jadis balayés en une pichenette par le personnage. Rongé par des sentiments qu’il n’éprouvait pas auparavant, Superman craignait ainsi d’affronter une bande de terroristes (#238), peinait à vaincre un vilain du nom de Nyxly (#235), n’évitait pas l’effondrement d’un immeuble entier (l’excellent #240 dans lequel Supes s’interrogeait pour la première fois sur la nature ingrate des hommes), ou se faisait rosser par deux vulgaires ivrognes n’ayant que pour idée de se faire le héros (#242).

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Et Clark Kent dans tout ça ? L’alter-ego de Superman devenait journaliste à la télévision pour le compte de Morgan Edge, nouveau propriétaire du Daily Planet et patron de The Galaxy Broadcasting System (en vérité, émissaire de Darkseid ET création de Jack Kirby).
Pas moins épargné par les tracas que lorsqu’il revêtait son costume et sa cape, Clark Kent devait maintenant composer avec son nouvel emploi et celui de super-héros comme, lorsqu’en plein direct télévisé, il lui fallait quitter des millions de téléspectateurs pour aller combattre le crime !

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Au fil des épisodes, Dennis O’Neil levait le voile sur les raisons de l’amenuisement des pouvoirs de Superman, comme l’énigme de son doppelganger allait prendre fin avec l’épisode intitulé « The Ultimate Battle » (#242). Ayant recouvré la totalité de ses superpouvoirs grâce à l’intervention du mystique I-Ching, l’homme d’acier luttait contre son double dans un combat destructeur ravageant la surface du globe, nous gratifiant par la même occasion d’un climax rythmé de main de maitre par les dessins de Curt Swan, dont une superbe case dans laquelle Superman pleurait un monde en flammes.
Si l’issue de l’affrontement allait se révéler moins dramatique pour la planète Terre que prévu, c’est conscient de l’étendue de ses pouvoirs que l’homme d’acier, de demi-Dieu à surhomme, avait choisi : Superman était mort, vive Superman !