Articles Tagués ‘Rory Calhoun’

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Rescapée d’un accident à moto sur une route de campagne de Californie, Terry (Nina Axelrod), une jeune femme un peu paumée, est recueillie par Vincent Smith (Rory Calhoun) et sa soeur Ida (Nancy Parsons), propriétaires d’un motel perdu au milieu de nulle part et fermiers précédés de la renommée locale d’une charcuterie fumée à la recette bien gardée. Tandis que Terry semble s’adapter a son nouvel environnement rural et faisait connaissance avec le cadet de la famille, le shérif Bruce Smith (Paul Linke), des disparitions en série de voyageurs de passage commencent à lever des suspicions sur le couple de fermier…

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Lorsque Robert et Steven-Charles Jaffe débarquent chez le réalisateur Kevin Connor (un des hommes à tout faire du studio anglais Amicus) avec le script de Motel Hell sous le bras, les deux hommes connaissent déjà bien les rouages du système pelliculé américain pour avoir infiltré, aux cotés de leur père le producteur Herb Jaffe, certaines strates de films comme Le Lion et Le Vent, C’Etait Demain ou Demon Seed .
En ce début des années 80, c’est donc avec moins de difficultés qu’il n’en avait fallu à la génération d’hier (Romero, Craven, Hooper… ce dernier étant d’ailleurs le 1er nom griffonné par les Jaffe pour mettre en scène Motel Hell) et de celle qui débarquait dans cette décennie (les Lustig, Raimi et autres Henenlotter), que les frères Jaffe foulaient les terres du film d’horreur, en semant dans leur histoire les graines d’une comédie macabre…

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Pas étonnant qu’à la genèse de Motel Hell, les Jaffe avaient imaginé voir Tobe Hooper derrière la caméra, l’histoire des deux hommes sentant bon le combo des deux premiers films d’Hooper, Massacre A La Tronçonneuse et Death Trap, empruntant à l’un son sens du dérangeant (voir cette stupéfiante séquence où l’on découvre pour la première fois les dessous des activités agricoles des Smith…) et à l’autre ses écarts grand-guignolesque (extravagant final dans lequel on assistera, entre autres, à un combat de tronçonneuse fratricide entre le shérif et le fermier déguisé… avec une tête de cochon !), le tout dans la même atmosphère hors norme et avec la même galerie de personnages tarés qui marquèrent les deux (meilleurs) films de Tobe Hooper, jusqu’à même préfigurer le futur Massacre A La Tronçonneuse 2.

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De tous les espaces où évoluaient en maître les Smith (du cadre inquiétant du motel, à l’arrière boutique où s’amoncelaient les morceaux de viande, jusqu’à ce vivrier de cauchemar) surgissaient de francs mais glauques moments d’humour (par-delà toute distanciation du sujet à l’effet), où tous les personnages du film étaient frappés de non-sens dérangeant (de l’absurde scène du couple SM au malaise du rapport gérontophile entre Terry et Vincent Smith). A cette stratégie d’humour hautement pervers, Robert et Steven-Charles Jaffe articulait autour de cette histoire de famille cannibale une satire de la viande industrielle, dont les Smith se faisaient les plus ardents combattants (enfin presque, comme en attestera une truculente réplique du film : « I’m the biggest hypocrite of them all. My meats… i used preservatives. »), jusqu’à justifier leurs actes en prétendant pouvoir lutter contre la famine dans le monde !

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Tandis que de troublants gargouillis sonores irritait notre épiderme à vif à chaque fois qu’apparaissait hors ou dans le champ de la caméra le « drôle » d’élevage de la famille Smith, la superbe composition musicale d’un certain Lance Rubin rythmait tous les écarts commis par le film de Kevin Connor, à l’aise dans tous les contre-pieds exercés par Motel Hell, action, thriller, comédie ou horreur.

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Ni banal, anecdotique ou impersonnel, Motel Hell faisait plus que séduire en gagnant l’une des batailles de la paternité d’un genre en mutation.