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…Ou une histoire de tueur en série dans l’Amérique sudiste d’après-guerre, réalisé en 1976 par Charles B. Pierce, routier du cinéma d’exploitation (et de l’écurie AIP ) et prétendument inspiré de faits réels, mais dont la production aura surement été motivé par les agissements d’alors du fameux Son of Sam.
Toujours est-il que l’histoire raconte, elle, la traque du phantom killer par les autorités et notamment le Capitaine Morales, « the most famous ranger in the history of Texas », dixit une réplique du film, qui allait remuer ciel et terre pour coller une balle à ce sadique meurtrier qui terrorisait tout le sud des états-unis à la fin des années 40.

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Les faits, l’histoire, les agissement du tueur, son look, rappelera au bon souvenir de Zodiac (déjà coupable de certaines accointances avec des films réalisés par Richard Fleischer –L’Etrangleur De Boston– et Alan J. Pakula –Les Hommes Du Président– auquel il faudra désormais rajouter ce The Town That…), capable d’alternance calculée entre sèche tension et grotesque (comme… Zodiac!) et de créer des séquences anachroniques échappées de ces films traitant de l’Amérique de la Grande dépression (souvent produit par Z. Arkoff d’ailleurs), sur fond de passages comiques.

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Ce n’était d’ailleurs pas tant que les meurtres perpétrés par le tueur débordaient d’hémoglobine comme dans un slasher (victimes principalement abattus au revolver), mais voilà il y’avait du réalisme macabre dans les situations filmées par Charles B. Pierce qui vous faisaient parcourir un petit queque chose de malsain, même lorsque le phantom killer s’adonnait à des agressions aux moeurs particulières (le trombone…).

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Pas de boulimie de « messages », les motivations du tueur nous étaient inconnues quand bien même l’intervention d’un psychologue auprès du Cap. Morales tentait vaguement la justification de l’intrigue à base de petit manuel du tueur en série, mais la conduite de l’histoire par B. Pierce était assez hardie, relevée par une superbe photo de Jim Roberson (la séquence sous la pluie, par exemple) et une interprétation sans bavures de Ben Johnson, tout particulièrement, qui trainait sa carcasse Fordienne (son arrivée dans la ville en chemin de fer pose déjà la note d’intention de B. Pierce), un très bon Andrew Prine en shérif local collaborant avec son homologue légendaire et un phantom killer donc, dont on ne verra jamais le visage, mais aux apparitions hors norme pour le spectateur.

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Excellent film que ce The Town That Dreaded Sundown (et l’on retient son souffle à la prononciation du titre).

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Ca vous fait rire ? Et pourtant, derrière ce titre qui n’avait rien pour lui sauf celui d’affirmer bien haut et fort son appartenance au genre, se cachait une petite pépite produite avec opportunisme par AIP (Blacula fut le premier d’une longue série de blax’ financé par Samuel Z.Arkoff) perpétuant, par ailleurs, la tradition d’un cinéma d’épouvante monté avec 3 francs six sous par la firme, jusque dans les ghettos Américains.
Réalisé par William Crain (qui se sera surtout distingué sur quelques épisodes de séries TV, notamment The Mod Squad et Starsky & Hutch, en pleine mode du polar urbain donc), l’histoire de Blacula débute au XVIII siècle en Transylvanie, où un prince Africain du nom de Mamuwalde accompagné par son épouse Luva, tentent de convaincre le Compte Dracula de cesser toute activité esclavagiste en Europe.

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Peu enclin à la négociation et levant le voile sur son identité de vampire, Dracula fait prisonnier Luva et Mamuwalde non sans avoir mordu ce dernier et lui avoir ainsi transmis ses gênes vampiriques.
2 siècles plus tard, un couple d’antiquaires gays acheminent les objets du Compte Dracula, dont le cercueil où repose Mamuwalde, jusqu’à Los Angeles. Réveillé par l’odeur de la chair fraîche (les gays donc) et lâché dans les rues de la cité des anges, Mamuwalde fait la connaissance de la jolie Tina, réincarnation de son épouse morte il y’a 200 ans, qu’il entreprend de séduire…

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Si vous avez longtemps cru que seule la version de Coppola inscrivit le mythe littéraire de Bram Stoker dans un genre lyrique, c’est oublier que les auteurs de Blacula firent déjà de l’avatar noir du Prince de la nuit un être romanesque, précédent de 20 ans la vision érotico/onirique de Francis.
Sans atteindre toutefois les qualités plastiques du Dracula vu par Coppola, mais associé à toute l’iconographie issue de la Blaxploitation, Blacula surprenait forcément de par l’introduction des sentiments amoureux, coupant court le temps d’un métrage, à cette glorification machiste entrevue dans le genre.
Mais fidèle à la dimension subversive contenue dans le cinéma de Blaxploitation, le film revendiquait par l’intermédiaire du personnage de Mamuwalde une certaine négritude et stigmatisait le discours raciste et homophobe de la police par la voix du Lieutenant Peters interprèté par Gordon Pinsent (le faux sosie de du Pdt Kennedy dans The Forbin Project).

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A l’évidence tournée à l’économie comme toute bonne B produite par Z.Arkoff qui se respecte, le film reposait – outre cette variation du mythe exploité avec réussite – sur une intrigue à l’allure d’enquête policière plaisante à suivre (mais comme je suis un mec bien et impartial, j’ajouterai aussi archi-conventionnelle) que ne viendra même pas plombée des maquillages cheapos au possible, et une interprétation solide à propos de laquelle on retiendra surtout l’excellente composition du géant William Marshall, particulièrement convaincant dans le rôle de Blacula.

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Avec ce film, la Blaxploitation marquait son entrée dans le cinéma d’horreur, Blacula ayant précédé des titres tels que Blackenstein et autres Dr Black & Mr Hyde.

Oui monsieur.